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Cannes résiste aux pirates

Mai 29, 2007

Le jury du 60ème Festival du film de Cannes a rendu une copie parfaite. Un palmarès à nos yeux idéal couronne un millésime d’une qualité exceptionnelle. Chacun des prix décernés atteste de la vitalité intacte du cinéma. Chacun exhorte le public à se laisser surprendre et émerveiller par les talents d’aujourd’hui. Des talents qui n’appartiennent pas aux « valeurs sûres » du 7ème art. Cinq des huit réalisateurs primés ont moins de 40 ans. Parmi eux, seul Gus Van Sant avait déjà été distingué à Cannes. Eclatante preuve de renouvellement dans un festival sexagénaire!L’Europe, l’Asie, l’Amérique du Nord et du Sud repartent avec des récompenses méritées : rappel toujours nécessaire que la patrie du cinéma ne se réduit pas à la Californie du sud.L’enthousiasme suscité par les films récompensés est paradoxal : car tous traitent de front la mort, le deuil et la maladie. Tous nous renvoient à des questions vertigineuses : comment vivre malgré les épreuves ? Comment surmonter les traumatismes ? Si l’art a pour vocation d’exprimer la beauté, elle est aussi à chercher au plus noir de l’expérience humaine. Chez ceux qui touchent le fond, mais qui trouvent les ressources de faire front, obstinément. C’est ce sursaut-là qui fait tout le prix de la Palme d’or et des autres films distingués par Stephen Frears et ses jurés inspirés. Quant à convaincre le grand public des vertus de ces propositions de cinéma, il y a encore du travail. Mercredi dernier à Paris, « Le Scaphandre et le papillon » attirait moins de 3000 spectateurs quand « Pirates des Caraïbes 3 » en captait 64.000… Au vu des millions engloutis en marketing, cela n’a rien d’étonnant. Mais heureusement qu’il reste à Cannes une poche de résistance. Depuis cet endroit unique, ouvert aux quatre vents des cultures du monde, on ose rappeler que la valeur n’attend pas le nombre des entrées. Christian Georges

Les raisons qui ont joué en faveur des lauréats

Mai 29, 2007

Le 60ème Festival de Cannes fera date. Dimanche, un jury inspiré a récompensé des films qui ont transcendé la noirceur de leurs thèmes. Revue des éléments qui ont joué en faveur des lauréats.

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Il a gagné comme un coureur de 10.000 mètres parti en tête dès le coup de pistolet : Palme d’or 2007, le Roumain Cristian Mungiu a en effet présenté son film dès le deuxième jour. Pourquoi « 4 mois, 3 semaines et deux jours » a marqué durablement les esprits ? Parce qu’il ne triche pas avec la réalité. Mungiu se souvient de la Roumanie de 1987. L’avortement y était devenu un moyen de résister au régime. A travers une histoire isolée, celle de deux étudiantes fauchées, le film témoigne pour les 500.000 Roumaines mortes en avortant clandestinement. Le réalisateur a une écriture aussi sèche que les frères Dardenne (« Rosetta », « L’Enfant »). Comme eux, il recourt aux plans-séquences, ces plans longs et fluides qui suivent les personnages, à l’affût de leurs comportements. Peu d’états d’âme, un réalisme social à faire frémir, des acteurs époustouflants : le mélange est détonant.

Bien que marqué par le sentiment du deuil, « La Forêt de Mogari » est moins sombre. On y suit un vieillard égaré avec son aide-soignante. Ce qui distingue la Japonaise Naomi Kawase est sa sincérité et son attention contemplative au moindre frémissement du monde. « Quand on affronte les difficultés de la vie, on cherche ce qui peut redonner de la force. On le trouvera dans ce qui n’est ni matériel, ni visible. Dans le vent, la lumière, le souvenir de ceux qui nous ont précédé », lança-t-elle en recevant son prix dimanche.

En créant le Prix du 60ème anniversaire, le jury se donnait la liberté de saluer une carrière en même temps qu’un beau film. Il a distingué Gus Van Sant plutôt que les frères Coen. Ce choix se respecte : Van Sant a une trajectoire moins rectiligne, il a souvent remis en question sa manière de faire du cinéma. Il reste à l’avant-garde de l’expérimentation formelle parmi les indépendants américains.

Fatih Akin doit son prix du scénario et son prix œcuménique à une vertu simple : il sait jeter des ponts, entre la culture allemande et la culture turque, entre les générations, entre le cinéma d’auteur et le cinéma populaire. Et Dieu sait si ce genre de passeur est précieux au milieu des crispations actuelles! L’Américain Julian Schnabel reçoit le prix de la mise en scène pour son audace aventureuse : il a osé diriger un film en français sans parler cette langue ! Peintre amateur de collages, il a surtout réuni les éclats d’une existence en morceaux en une mosaïque pleine de vie.Marjane Satrapi ne s’est pas contentée de moquer les ayatollahs à la manière de Charlie Hebdo. Elle a sur trouver la distance suffisante pour transformer sa vie en œuvre d’art. « Persépolis » fait entrer le cinéma d’animation dans une nouvelle dimension, celle de la confession adulte et décomplexée. Enfin, Carlos Reygadas s’est affirmé en esthète visionnaire. Ses images envoûtantes ne se laisseraient jamais regarder ailleurs que sur grand écran.  /CHG

Qui aura la Palme d’or ?

Mai 26, 2007

A la veille du palmarès du Festival de Cannes, les pronostics n’ont jamais été aussi aléatoires. Plus de la moitié des 22 films en concours peuvent prétendre à un prix. Deux films restent à voir (« Promets-moi », d’Emir Kusturica, et « La Forêt de Mogari », de Naomi Kawase). S’ils sont convaincants, cela va compliquer encore la tâche du jury. Les choix possibles vont dans plusieurs directions.

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Option « révélation » : le Roumain Cristian Mungiu paraît le mieux placé pour la Palme d’or avec « 4 mois, trois semaines et deux jours » (photo). En suivant une fille qui aide sa copine à avorter dans une chambre d’hôtel, ce jeune réalisateur a estomaqué. Direction d’acteurs et sécheresse de ton donnent une vision implacable de la Roumanie d’avant la fin de la dictature. Joker : le coréen « Secret Sunshine ».

Option « grands auteurs au sommet de leur art » : les frères Coen ont mené de main de maître le thriller sanglant « No Country for Old Men » ; Gus van Sant a dessiné en finesse ses portraits d’adolescents de « Paranoïd Park ». Mais ces auteurs polissent à l’infini la forme de beaux objets dont on connaît les contours. Et ils ont déjà eu la Palme… L’Américain surprise pourrait être David Fincher et son inquiétant « Zodiac ».

Option « politique » :  « Alexandra », du Russe Sokourov, combine intelligence artistique et sous-texte pacifiste. « Persépolis » revendique la liberté d’expression face  à l’obscurantisme. Comme le jury se sent souvent un devoir de saluer la France, le second possède un atout de plus…

Option « passerelle » : « De l’Autre côté », de Fatih Akin, se pose en candidat no 1 dans la catégorie. Naviguant avec adresse entre Asie mineure et vieille Europe, le Kurde d’Allemagne propose une représentation de la réalité complexe mais digeste pour le grand public. Des qualités dont témoigne aussi Julian Schnabel dans « Le Scaphandre et le papillon ».

Option « lubie hypnotique » : « Lumière silencieuse », de Carlos Reygadas,  a offert les images les plus impressionnantes de tout le festival, mais il a de hargneux détracteurs. Verdict demain dès 19h30 sur Canal+ (en clair).

Christian Georges

Persépolis

Mai 24, 2007

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« J’ai connu une révolution qui avait fait disparaître une partie de ma famille, j’ai survécu à une guerre et c’est une banale histoire d’amour qui a failli m’emporter » : dans « Persépolis », Marjane Satrapi (photo) parle d’elle à la première personne. Fille d’Iran née avant la révolution islamique, elle nous embarque avec la verve d’une conteuse orientale. Digne fille de sa grand-mère qui lui lançait : « Nom de Dieu, comme tu as grandi ! Tu pourras bientôt attraper les couilles du Seigneur ! »

Tout le monde ne parlait pas comme ça à Téhéran, vers 1979. Marjane se souvient de tout. De ses élans d’enfant qui voulait devenir « le dernier prophète de la galaxie ». De la maîtresse qui faisait aimer le Shah. Des opposants torturés. De l’euphorie qui suivit la défaite du Shah. De l’oncle Anoush, éliminé parce qu’il était communiste. De l’attaque de l’Irak contre son pays affaibli. Des cassettes d’Iron Maiden vendues sous le manteau. De l’exil à Vienne à l’âge de 14 ans. D’une deuxième révolution à faire : celle de la puberté, de la découverte de la différence et de la solitude…

Aujourd’hui établie en France, Marjane Satrapi a déjà conté son histoire en bande dessinée. Avec l’aide de Vincent Paronnaud, elle en a tiré un film d’animation d’une franchise et d’une fraîcheur réjouissantes. Les souvenirs sont parfois d’une cruauté atroce, mais le dessin stylisé (en noir et blanc) permet de les situer à bonne distance. Le registre visuel du film fait cohabiter le merveilleux et le trait sec et incisif. On y repère les libertés piétinées par la morale d’Etat. Mais Marjane Satrapi ne pose pas en martyre. Elle rit d’elle-même. Un rire salvateur que les gardiens de la révolution sont incapables d’avoir. En refusant de céder à l’accablement, « Persépolis » nous fait un bien fou. /CHG

Attention, nouveau chef-d’oeuvre

Mai 22, 2007

20070522_3475998.jpgAvec «Paranoid Park», l’Américain Gus Van Sant a offert hier un nouveau chef-d’œuvre au Festival de Cannes, après «Elephant» (Palme d’or 2003). Sa représentation de l’adolescence est d’une délicatesse admirable. Lire la suite

Paru le 22 mai 2007

Pour Michael Moore, la charité ne remplace pas l’hôpital

Mai 21, 2007

20070521_3469751.jpgTonnerre d’applaudissements à la projection de presse, ovation de dix minutes le soir: Michael Moore n’a pas raté son retour à Cannes (hors compétition). Son documentaire «Sicko» frappe fort. Il ne met pas seulement à jour les failles du système de santé américain. Il encourage à la vigilance ceux qui défendent un système solidaire et équitable.

Paru le 21 mai 2007

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Cet «avocat de la terreur» qui était l’ami d’un nazi suisse

Mai 21, 2007

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Communiste, anticolonialiste, d’extrême droite? Quelle conviction guide Jacques Vergès? Dans «L’avocat de la terreur», le cinéaste Barbet Schrœder suit les méandres empruntés par celui qui a défendu Klaus Barbie.

«Un jour, quelqu’un m’a demandé si j’aurais pu défendre Hitler. Pourquoi pas? Je défendrais même Bush, s’il plaidait coupable…» Jacques Vergès fanfaronne. Il jubile d’être la star dans «L’avocat de la terreur», présenté hier à Cannes (hors compétition). Il y jongle avec les masques: Bouddha souriant, métis humilié, anticolonialiste sentimental, jouisseur à cigare… Captivant, le documentaire de Barbet Schrœder met à jour les connexions helvétiques du personnage.

Paru le 19 mai 2007

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Les premiers pas de Norah Jones au cinéma

Mai 17, 2007

norah.jpgChacun attendait avec curiosité les débuts de la chanteuse Norah Jones au cinéma. Elle n’a pas déçu dans «My Blueberry Nights», en ouverture du 60e Festival de Cannes. Elle est même parfaite en fille innocente, incapable de se méfier des gens. Mais c’est presque une autre chanteuse qui lui vole la vedette. Celle qu’on entend dans le film et qui lui donne une mélancolie infinie: Chan Marshall (alias Cat Power).

Paru le 18 mai 2007

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La bande annonce

Norah Jones ouvre un festival prometteur

Mai 16, 2007

009694431.jpgPour sa 60e édition, du 16 au 27 mai, le Festival du film de Cannes joue la carte du renouvellement. Vingt-et-un films partent à la conquête de la Palme d’or, sous l’œil du jury présidé par le réalisateur britannique Stephen Frears.

Paru le 16 mai 2007

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De Cocteau à Wenders, une légende forgée par des présidents audacieux.

Mai 15, 2007

Mercredi prochain à Paris, au moment où s’ouvrira le 60e Festival de Cannes, Nicolas Sarkozy prendra ses fonctions de président. Dans le jury de Cannes, on préside pour douze jours et le témoin se passe chaque année. Coup de projecteur sur les coups de génie, les lubies ou les oublis de quelques présidents qui ont fait la légende du festival.

Paru le 14 mai 2007

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